Voici un article un peu hors série qui ne traitera pas forcément d’UX design ou de facilitation : c’est une réflexion plus large sur la façon dont on nomme notre métier et que l’on se présente aux autres.

Décrire son métier en un mot ce n’est pas facile

Quand on remplit son profil Linkedin, il faut résumer en quelques mots ce qu’est notre métier et ce n’est pas simple car on fait beaucoup de choses et c’est parfois un peu réducteur. Pour ma part, je n’ai pas réussi à trouver un intitulé concis : je me présente en tant que « UX Designer stratégique freelance – Innovation – Design thinking – Facilitation” . En effet, je mets « freelance » car je veux indiquer rapidement que je suis à mon compte (le terme freelance est-il approprié ou réducteur ?). Je ne souhaite pas non plus mettre « UX designer » tout seul car c’est souvent réduit à « faire des wireframes » donc j’ai ajouté « innovation », « design thinking » et « facilitation » car c’est ce qui fait plus sens à mes yeux car c’est ce que je pratique le plus. Seulement, souvent les gens ne pensent pas forcément que « UX designer » regroupe tout cela donc j’essaie d’être le plus réaliste possible par rapport aux services que je propose et à mes compétences.

Gonfler son CV, c’est contre-productif

Je voulais principalement aborder ce sujet parce que je vois très souvent des intitulés de postes qui ne sont pas représentatifs de la réalité et cela ne correspond pas avec mes valeurs : être le plus transparent possible.

Cela crée un flou dans le marché de l’emploi

J’ai vu passer aujourd’hui un message sur LinkedIn d’une personne qui est en 3ème année d’école et qui cherche un stage de 3 mois pour être « lead UX design ». Un lead designer est une personne qui doit mettre en place des méthodes complexes et avoir un plan d’action au sein de l’entreprise et peut également avoir des fonctions managériales : c’est un poste pour une personne avec de nombreuses années d’expérience (merci à mes confrères FLUPA de m’avoir confirmé cette définition). Peut-être que cette jeune personne n’a en effet pas conscience de ce que veut dire « lead » mais si de nombreuses personnes postent des demandes de stage lead, les recruteurs vont aussi penser que c’est possible de prendre quelqu’un en stage pour avoir autant de responsabilités et vice versa. Bref c’est le serpent qui se mord la queue et cela casse le marché de l’emploi : tout le monde pense qu’on peut embaucher des stagiaires sur des postes complexes. Je pense qu’il faut rappeler qu’un stagiaire est là pour apprendre et qu’il doit être accompagné par une personne plus expérimentée. Cela ne l’empêchera pas d’être force de proposition et indépendant sur certains points mais il n’est pas là pour remplacer un poste à temps plein d’une personne qui a plusieurs années d’expériences.

Cela me rappelle mes débuts sur le marché du travail. Quand j’ai fait mon stage de fin d’études, au sein de l’agence, on évitait de dire au client que l’on était stagiaire et on disait que l’on était junior (avec le prix à la journée qui va avec), les autres consultants étaient seniors au bout de 5 ans d’expérience (même si le nombre d’années ne fait pas tout et que le niveau de « senioritude » dépend surtout du travail fait)… Quand j’ai terminé mon stage et que je cherchais mon premier emploi, on ne me proposait que des stages… Je me dis que si on n’essayait pas de gonfler les CV de tout le monde, ce serait plus simple et on y verrait plus clair sur ce que chacun sait faire et son niveau d’expertise.

Le recrutement est plus complexe

Cela va faire bientôt 10 ans que je travaille et quand je cherchais un emploi salarié ou encore parfois encore maintenant en tant qu’indépendante, je suis confrontée à des personnes qui se méfient car elles ont souvent rencontré des profils « gonflés ». En effet, pour avoir beaucoup échangé de manière informelle avec des recruteurs (RH ou chefs d’équipe), ils ont beaucoup de mal à faire le tri entre ce que le candidat dit et la vérité. Résultat, ils doivent poser des questions complexes ou même des exercices pratiques pour tester le savoir-faire des candidats (les deux parties perdent beaucoup d’énergie).

On finit toujours par se faire démasquer

Souvent en un coup d’oeil ou lors d’une conversation on arrive à voir assez facilement si le profil est honnête. Par exemple, je vois passer un nombre incalculable de personnes qui sont « CEO » sur LinkedIn mais en fouillant 2min on se rend compte que ce sont des personnes CEO d’eux-mêmes car ils sont tout simplement indépendant et seul(e) dans leur entreprise. A quoi cela sert-il de dire que l’on est plusieurs dans une entreprise alors que l’on est seul(e) ? On voit souvent des sites web d’agence qui parlent avec des « nous » alors qu’il n’y a qu’une personne derrière l’écran. On pourrait penser que cela fait plus sérieux mais de mon point de vue, si je me mets à la place du client qui a besoin d’une agence qui sait faire beaucoup de choses et que j’ai un projet assez conséquent et que je me rend compte après coup que la prestation ne suit pas car la personne est seule et n’a pas toutes les expertises requises et bien je suis déçue et la crédibilité de cette entreprise est remise en cause.

De même, dans le domaine de l’UX (j’en avais déjà parlé dans cet article), on est souvent face à des personnes qui disent qu’il font de l’UX design mais dès que l’on pose quelques questions, on se rend compte que les principes de base de l’UX design ne sont pas compris et mis en place. Après discussion avec des recruteurs experts en UX, ils m’ont expliqués qu’ils étaient épuisés de devoir faire le tri entre tous ces profils et que c’était une perte d’énergie considérable.

Cette image m’a fait rire : le cliché de l’UX designer avec ses post-it

Soyons honnêtes et tout le monde y gagnera

Je pense que chaque profil a sa place et chaque entreprise trouvera le profil qui ira bien à son entreprise. En étant plus honnête sur nos compétences et sur nos envies, il sera plus facile pour tout le monde d’arriver à se trouver : gain de temps, pas de déception et une collaboration qui marche.

Petite anecdote personnelle, à une époque j’ai cherché du travail pendant une période assez longue (les utilisateurs c’était pas tendance en 2013) et lors de mes entretiens d’embauche, je souhaitais tellement avoir le job et changer de boîte que j’allais toujours dans le sens des recruteurs pour leur faire plaisir et avoir le poste. Cela n’a pas marché. J’ai commencé à avoir des touches quand j’expliquais aux recruteurs ce que je savais faire, ce que je voulais faire et ce que pouvais leur apporter. J’ai passé encore pas mal d’entretiens où on s’est rendu compte que ça ne matchait pas car nous n’avions pas les mêmes aspirations mais nous nous sommes quittés bons enfants et nous sommes recroisés de nombreuses fois par la suite dans notre vie professionnelle.

Je sais également que le marché de l’emploi peut parfois être tendu et qu’il est difficile de trouver le poste qui nous convient mais si on peut, il vaut mieux peut-être trouver une entreprise qui a les mêmes envies que nous et être transparent ? Et toi, quelles sont tes expériences de recherche d’emploi ? As-tu des anecdotes sur le bienfait d’être honnête avec les autres sur ce que tu fais professionnellement ? Tu es recruteur et tu as du mal à faire le tri dans les profils ?


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Published On: 27 mars 2019Categories: L'UX design bullshit, Tous, UX design

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